L’ECOLE INVERSEE : UNE REVOLUTION DANS L’EDUCATION.

Pendant très longtemps, les cours ne se dispensaient qu’à l’école. L’enseignant est tenu de faire les cours en classe et en retour donne des exercices et devoirs à faire chez soi. Mais depuis l’évolution des technologies et des méthodes pédagogiques, un modèle novateur est apparu : l’école inversée. Ce concept en plein essor, redéfinit les termes d’un nouvel apprentissage ainsi que la manière dont les élèves interagissent avec le savoir. 

Qu’est-ce que l’école inversée ? 
L’école inversée ou la classe inversée ou encore l’apprentissage inversé est un concept qui renverse l’enseignement classique. Pour ce nouveau concept, les apprenants suivent des formations de chez eux en visionnant des vidéos pédagogiques, en lisant des documents ou en effectuant des recherches. 
En classe avec l’aide du formateur ou professeurs, ils mettent en pratique ce qu’ils ont assimilés chez eux en faisant des travaux pratiques ou en résolvant des problèmes. Ainsi, plutôt que le professeur se limite à un rôle de simple transmetteur de connaissances, devient un facilitateur, aidant chaque élève à approfondir sa compréhension et à s’approprier les concepts de manière plus personnalisé. 

Qui est le créateur de l’école inversée ?
Cette notion a été créée par Eric Mazur à Harvard dans les années 1990. Né le 14 novembre 1954 à Amsterdam, Mazur est un physicien et professeur à l’université d’Harvard. En 1991, Mazur commence son travail sur une méthode “enseignement entre pairs”, qui se distingue de l’enseignement magistral en, notamment, amenant l’apprenant à être très actif lors de l’apprentissage. En créant ce modèle, Eric Mazur a démontré que les apprenants en classe inversée réussissent mieux que ceux qui suivaient des cours ou formations classiques notamment parce que l’investissement est maximisé. 

Les avantages de l’école inversée 
      •  Apprentissage autonome : Grâce à des ressources numériques accessibles en tout temps, les élèves ont la possibilité de suivre les leçons à leur propre rythme. Ils peuvent visionner plusieurs fois une vidéo s’ils ont des difficultés à comprendre un point précis ou explorer davantage un sujet qui les intéresse. Cette flexibilité encourage une approche plus active de l’apprentissage. 
      • Un temps de classe optimisé : le modèle classique est souvent consacré à la diffusion et explication théorique du cours laissant peu de place à la pratique et aux questions d’approfondissements. Mais dans le modèle de la classe inversée, les échanges entre pairs ainsi qu’entre enseignant et élèves sont plus fluide. De plus les activités pratiques sont plus faisables. 
      • Une pédagogie différenciée: L’enseignant peut mieux ajuster son accompagnement en fonction des besoins spécifiques de chaque élève. Alors que certains peuvent nécessiter des explications supplémentaires, d’autres peuvent aller plus loin dans l’exploration des sujets. Cela permet de réduire les écarts de niveau et de renforcer la personnalisation de l’apprentissage. 
      • Développement des compétences transversales : l’école inversée favorise le développement de compétences telles que la collaboration, la gestion du temps, l’esprit critique et surtout la capacité à résoudre des problèmes. Ces compétences sont très utiles pour autant la vie professionnelle que pour la vie personnelle. 
 Les défis de l’école inversée 
Avant de vous parler des défis auxquels sont confrontés l’école inversée, laissez-moi vous raconter une petite histoire de mon vécu. En 2020, lors de la propagation du COVID-19, les cours ont été suspendus sur toute l’étendue du territoire togolais. Nous, les étudiants de l’Université de Lomé, étions en plein examen au moment de cette suspension. Ce jour-là, alors que je rentrais de l’université à la maison, j’ai été agressée. 
Mes agresseurs m’ont pris mon téléphone portable ainsi que la somme que j’avais sur moi. Quelques temps plus tard, alors que j’étais chez moi, j’ai reçu une information, par le biais d’une amie, indiquant que les cours avaient repris, mais qu’ils se feraient en ligne, et que nous, étudiants, devrions rester chez nous pour les suivre. N’ayant ni téléphone ni ordinateur, comment allais-je suivre ces cours ? De plus, il était formellement interdit de se rassembler en groupe pour quelque raison que ce soit. Cette situation m’a fait perdre tout un semestre, faute de moyens. 
Ce que j’essaie de vous dire à travers cette histoire est que La crise du COVID-19 a montré que l’accès aux technologies comme les téléphones portables et les ordinateurs est essentiel pour suivre les cours à distance. Ceux qui n’ont pas ces outils sont laissés pour compte, ce qui renforce les inégalités de l’école inversée. Bien que l’école inversée présente beaucoup d’avantages, elle n’est pas exempte de défis : 
  • Accès aux ressources numériques : L’un des prérequis de ce modèle est l’accès à des outils technologiques : ordinateurs, tablettes, internet. Dans certaines régions, notamment les zones rurales ou défavorisées, cet accès peut être limité, créant une inégalité entre les élèves. 
  • Motivation et autonomie des élèves : il est nécessaire que les élèves soient motivés et disciplinés pour pouvoir s’engager dans l’apprentissage à la maison. Certes, certains apprenants ne sont pas doués pour suivre ce rythme d’apprentissage solo et donc nécessite l’accompagnement d’un professeur pour les motiver à apprendre. 
  • L’adaptation des enseignants : L’enseignement inversé requiert un changement dans la manière de préparer les cours. Les enseignants doivent non seulement créer ou sélectionner des contenus pédagogiques pertinents pour les leçons à la maison, mais aussi développer des activités interactives qui stimulent l’apprentissage en classe. Cette transition peut demander du temps et une formation spécifique. 
L’école inversée est elle un modèle d’avenir ? 
Pour ce point, lisons le témoignage d’une enseignante en mathématique et d’une étudiante en physique.

 Témoignage de Claire Dupont, enseignante en mathématiques :
 « J’utilise la méthode de l’école inversée depuis trois ans, et le changement dans la dynamique de la classe a été impressionnant. Avant, je me retrouvais souvent à parler devant des élèves qui écoutaient passivement, sans forcément comprendre tout ce que je Maintenant, ils arrivent en cours après avoir visionné les vidéos et étudié les leçons à la maison, donc ils sont prêts à poser des questions ou à passer directement aux exercices. Cela me permet de consacrer plus de temps à ceux qui ont des difficultés spécifiques et de voir les autres progresser de manière autonome. L’ambiance est beaucoup plus interactive et engageante, et mes élèves deviennent des apprenants plus indépendants et actifs. Je pense que l’école inversée les prépare mieux pour le monde professionnel où ils devront résoudre des problèmes sans forcément être accompagner ». 

Témoignage de Sarah, étudiante en physique
« Au début, j’étais un peu sceptique à l’idée de l’école inversée. L’idée de devoir apprendre seule, chez moi, avant même de venir en cours, me semblait contre-intuitive. Je me demandais si j’allais vraiment comprendre les concepts sans explication directe. Mais après avoir suivi plusieurs cours dans ce format, mon opinion a complètement changé. Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est que je pouvais travailler à mon rythme à la maison, revoir les vidéos plusieurs fois si nécessaire, et prendre le temps de bien comprendre les notions avant d’arriver en classe. Et c’est là que la magie opérait : en classe, au lieu de simplement écouter un cours théorique, on passait directement à l’application des concepts. On travaillait en groupe, on échangeait nos idées, et le professeur était là pour répondre aux questions précises et nous guider dans les exercices pratiques « .

 Le concept de l’école inversée n’est pas une mode passagère, mais plutôt une réponse aux évolutions de notre société et aux besoins d’une éducation plus flexible et adaptée à l’ère numérique. De plus en plus d’établissements scolaires adoptent ce modèle, avec des résultats souvent encourageants, tant en termes de motivation des élèves que de réussite scolaire. 
Ce modèle est particulièrement pertinent dans le contexte actuel, où les élèves évoluent dans un monde numérique et interconnecté. Il favorise un apprentissage qui ne se limite pas aux murs de la salle de classe, mais qui se prolonge au-delà, exploitant la richesse des ressources disponibles en ligne. 

Conclusion 
L’école inversée est une véritable révolution pédagogique, qui remet en question les méthodes traditionnelles d’enseignement et offre une nouvelle manière d’apprendre. Si elle comporte certains défis, elle propose également des solutions innovantes pour améliorer l’implication des élèves, leur autonomie et leur réussite. À mesure que la technologie progresse et que l’éducation évolue, il est probable que l’école inversée devienne un modèle de plus en plus répandu et accepté.